Zéro déchet : Lubie écologiste ou véritable levier concurrentiel pour l’entreprise ?
L’intérêt et l’avenir de l’entreprise est de tendre, petit à petit, vers le zéro déchet. Pourquoi, comment, quels enjeux pour l’entreprise ? C’est notre dossier du mois.
Qu’est-ce que le concept de zéro déchet ?
D’une façon générale, le Zéro déchet est une nouvelle façon de vivre et de consommer, qui cherche à réduire ce que l'on jette pour sauvegarder nos ressources. C'est aussi une façon de penser, en s’inspirant des cycles de vie présents dans la nature, où les déchets des uns deviennent les ressources pour les autres.
Dans nos sociétés « modernes » l’usage d’un bien est limité ou interrompu non pas parce que celui-ci est “hors d’usage” mais pour des raisons liées à nos modes de consommation. Dans une démarche ZERO DECHET, l’on cherche à maximiser l’usage en réutilisant, partageant, mutualisant l’accès à des biens.
Le concept ZERO DECHET dans l’entreprise s’inspire du concept industriel Japonais de gestion totale de la Qualité (Zéro défaut). Le concept ZERO DECHET implique de suivre une logique permettant d’aller bien plus loin que la simple intégration du recyclage dans notre gestion des déchets, en se donnant l’objectif d’y parvenir.
Comment amener l’entreprise à tendre vers le ZÉRO DÉCHETS ?
L’objectif zéro déchet demande de prêter attention à l’ensemble du cycle de vie des produits et des déchets résiduels en travaillant sur 3 niveaux :
On commencera par modifier les process et modes opératoires, les plus en amont possible, afin qu’ils deviennent sobres et efficients dans l’utilisation des ressources naturelles et de l’énergie, permettant de réduire l’utilisation des matières premières. Il s’agit de passer de modes de production linéaires et toxiques à des systèmes circulaires et résilients, grâce aux progrès de l’écoconception.
On cherchera ensuite à maximiser l’usage en réutilisant, partageant, mutualisant l’accès à des biens. En ce qui concerne les emballages, les modes de distribution reposant sur le “jetable” sont donc écartés au profit de systèmes basés sur la réutilisation (consigne, vente en vrac...).
On séparera enfin le plus en amont possible chaque flux de déchet pour le traiter séparément. C’est cette gestion séparée qui permet de réduire le recours à l’incinération et à l’enfouissement et de préserver au mieux les ressources naturelles utilisées dans les processus de fabrication.
Seul prérequis : l’entreprise doit reprendre la main sur son poste déchets !
La prise de conscience des managers doit permettre de mettre en place des outils de gestion aussi efficaces pour les produits non intentionnels (déchets) que pour les produits intentionnels.
Si l’entreprise sait se doter des ressources et des moyens d’étude, d’analyse, de gestion, de suivi et de contrôle les plus performants pour ses produits intentionnels, elle dispose en général de bien peu de visibilité de ses produits non intentionnels.
Ce que nous remarquons couramment dans les entreprises :
Les budgets réels sont inconnus ou mal appréciés,
L’organisation « déchets », standard, est mal adaptée et non optimisée,
Des ressources minimales sont dédiées au sujet (se limitant souvent à procéder les demandes d’enlèvement),
Il n’y a aucun ou peu de contrôle des flux, des pesées et des qualités,
Il n’y a pas de suivi des cours des matières valorisables et de contrôles factures,
La maîtrise complète est confiée aux prestataires déchets qui assurent à la fois l’ensemble des prestations et les reportings…
Et ce alors que des innovations digitales permettent aujourd’hui de développer des systèmes simples pour gérer des problématiques complexes.
Le poste déchets représente pourtant des enjeux économiques importants (de 0,5 % à 5 % du chiffre d’affaires suivant les secteurs d’activité !) mais aussi environnementaux, de RSE, des enjeux qui participent de plus en plus à la bonne image de l’entreprise et peuvent représenter un véritable avantage concurrentiel si ce poste est bien géré.
UNE NOUVELLE FAÇON DE RÉFLÉCHIR AU SUJET DÉCHET
Vouloir tendre vers le zéro déchet, c’est passer d’une logique de « prestations globales » à une logique de « gestion globale ».
Pour cela, l'entreprise doit reprendre la maîtrise de son poste déchets en y allouant ses propres ressources (si elle en a les moyens) ou en le confiant à un gestionnaire expert, indépendant et impartial, qui mènera une réflexion globale, de la non apparition ou de la réduction à la source (conception, process, organisation, choix marketing, …), jusqu’au choix des prestataires et des filières les plus performants par matière.
A l’heure du digital, elle doit se doter des outils de gestion, de suivi et de contrôle les plus pertinents, en intégrant les ressources dédiées ainsi que les outils logiciels dans un SMD (Système de management des déchets) spécifique à l’organisation.
C’est ainsi que l’entreprise pourra de manière graduelle tendre vers le Zéro déchet et tirer profit des bénéfices induits.
Le Zéro déchet deviendra alors non plus seulement un argument marketing comme un autre, mais un véritable levier concurrentiel ayant toute sa place dans la stratégie et le développement de l’entreprise.
Le Zéro Déchet devient un véritable levier concurrentiel si et seulement si il est intégré à la stratégie globale d'entreprise.
Pour aller plus loin
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